Le sujet me parle mais…
est-ce vraiment pour moi?

Dominique* (tous les prénoms sont changés) est médecin. Au cours de sa formation, elle suit un module intensif sur les violences sexuelles et pendant plusieurs mois travaille à comprendre ce que c’est et comment aider ses patiens au mieux. Il lui faudra quelques années de plus pour que des images remontent à la surface et qu’elle réalise qu’enfant elle avait vécu des attouchements par son oncle. En suivra un dépôt de plainte qu’elle initiera pour protéger les autres, les faits étant prescrits pour elle, mais pas pour les plus jeunes de ses cousins.

Jeanette* au cours d’un travail thérapeutique se rend compte qu’elle a subi des violences sexuelles dans sa toute petite enfance – avant l’âge où elle pouvait avoir des souvenirs conscients. Et que sa conception est le résultat d’un viol. Il lui faudra ensuite quelques années et recoupement pour libérer la parole au sein de sa famille. Autant dire qu’il lui aura fallu laisser parler son corps et son ressenti pour se dégager du poids que ces non-dits faisaient peser sur son quotidien.

Les parcours de Dominique et de Jeanette sont loin d’être uniques. Ils parlent de la force des traumatismes – le choc étant violent pour le corps, il donne l’injonction au cerveau de “tout oublier” pour pouvoir continuer à vivre.

Mais ils parlent aussi de l’impossibilité du corps à oublier ce qu’il a vécu. Ce vécu sera alors un une brique dans le sac à dos – un poids qui va conditionner inconsciemment le sens et la direction que vous donnerez à votre vie. Un poids que vous trainerez jour après jour malgré vous.